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Université publique – Université privée : Un impact réciproque

  • 10 juillet 17:40
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Université publique – Université privée : Un impact réciproque

La saison estivale a toujours été celle des moissons. Pas seulement dans l’agriculture, mais dans l’enseignement aussi. Dans nos universités, la cérémonie de remise des diplômes en l’honneur des lauréats demeure bel et bien une tradition. Et c’est ainsi que l’on fête la sortie des nouvelles promotions. 

La Presse — Cela se déroule, solennellement, dans une ambiance de joie et d’euphorie. Toujours, le succès a son propre goût, de quoi être fier et réjoui. Et l’UAS, université arabe des sciences, comme bien d’autres, n’a jamais manqué pareil rendez-vous festif. Il y a quelques jours elle a célébré sa fin d’année, illuminant les quatre coins du palais des congrès à Tunis, sur fond d’un palmarès témoignant de la qualité de son enseignement et de son rayonnement à l’échelle nationale et africaine. Ce qui constitue un acquis pour le pays. 

L’enseignement supérieur privé, plus de 30 ans déjà

D’ailleurs, il ne relève point de la pub ou de la promotion, si on qualifie l’UAS de pionnière en la matière, du moment que sa création au début des années 90 avait, alors, marqué un tournant, ouvrant grande la porte à plusieurs initiatives privées. Au fil du temps, elle faisait appel à beaucoup d’universitaires et personnalités de renom : Kaïs Saïed, l’actuel Président de la République, son prédécesseur le regretté Béji Caïd Essebsi, mais aussi nombre important de nos prestigieux ministres, avaient aussi donné des conférences et des cours à ladite université.  

Il s’agit d’une institution dont le président fondateur, Mourad Ben Turkia, n’a jamais oublié qu’il est sorti de l’école publique et qu’il avait occupé des postes clés au sein du ministère de l’Education. Son expérience dans les rouages de l’enseignement public lui a beaucoup servi. « Pour moi, fêter la fin de l’année universitaire infuse sens et significations. Nous sommes, d’ailleurs, parmi les premiers à avoir institué cette tradition, afin d’honorer les étudiants brillants, dont le nombre dépasse, cette année, la centaine.

De même pour nos honorables enseignants qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes », se félicite-t-il.  Et puis, cette culture universitaire s’est répandue aussi largement, ayant un écho favorable auprès des étudiants. Même dans les universités publiques, une telle cérémonie semble avoir trouvé sa place. 

Plus d’un quart de siècle, l’enseignement supérieur privé gagne de plus en plus du terrain. S’y inscrire n’est plus souvent une obligation, mais plutôt un choix motivé par plusieurs raisons. 

Cela s’explique tout bonnement par le niveau qu’il atteint aujourd’hui. Comptant actuellement plus de 80 universités tunisiennes privées, l’on s’y investit encore assez énormément. Certes, on n’en était pas trop accro, d’autant plus que l’orientation vers l’université privée n’était pas non plus en vogue. 

Au point qu’on n’aurait jamais imaginé que ce secteur si minuscule et primitif puisse prospérer et aller de pain avec l’université publique. 

Université privée et publique à l’unisson

Aujourd’hui, comment explique-t-on sa grande expansion ? Est- elle due à un nivellement par le bas de l’enseignement universitaire public ou cela justifie, au contraire, le succès de ses diplômés, devenus des investisseurs privés dans le domaine ? Ben Turkia a opté plutôt pour la seconde raison : «Il ne s’agit pas de privatisation de notre secteur universitaire, mais de lancement d’un autre secteur en  parallèle au même titre que l’enseignement supérieur public.

Qu’on le veuille ou pas, l’université tunisienne publique reste la référence de base dans le domaine et c’est elle qui forme des enseignants pour nous, les privés », estime-t-il, soulignant, sans ambages, la portée des relations du partenariat qui le lient à l’université tunisienne, notamment sa coopération avec nombre des ISET. 

Parlons-en ainsi, on ne peut avancer sans un enseignement supérieur public puissant et compétent. « On voudrait qu’il soit la locomotive qui tire tout le secteur vers le haut », espère-il, souhaitant voir les universités publique et privée aller de pair,  comme aux Etats-Unis. Toutefois, l’enseignement supérieur privé n’est pas légalement autorisé à procéder à la formation de 3e cycle. «Je vais vous surprendre : on n’a pas le droit de procéder à la formation dans des thèses de doctorat ou de recherche, sauf master professionnel. Car la loi nous interdit ça. Et pourtant, on s’y intéresse énormément», s’est-il rétracté.     

Université publique-université privée, le défi n’est, certes pas, le même : la première accueille pour former, la seconde forme pour embaucher. 

A l’heure où le numérique et l’intelligence artificielle sont de nature à créer un nouveau modèle de société, il est temps de mettre les pendules à l’heure et repenser la politique de notre enseignement universitaire. L’objectif étant d’en faire un tremplin pour l’emploi. 

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