
Il y a quelques jours, Moez Krifa, directeur du Festival international de Sousse, a annoncé au nom du comité d’organisation que l’édition 2025 ne programme aucun spectacle de rap ni de mezwed. Cette décision est devenue le centre d’une vive polémique ayant suscité à la fois des soutiens et des indignations. Nous l’avons contacté pour savoir les motifs véritables de ce choix.
La Presse — L’exclusion du rap et du mezwed du festival est-elle de votre propre initiative ou fait-elle suite à des instructions spécifiques ?
Nous n’avons reçu aucune pression ni instruction pour exclure le rap et le mezwed. C’est la décision du comité du festival. Par expérience et vu les éditions précédentes, ces soirées finissent souvent avec des incidents violents. Il y a deux ans, dans un festival ici même à Sousse, un rappeur a invité un ami à lui sur scène sans que ce ne soit prévu.
Il a interprété un titre avec des paroles obscènes devant un public qui était sous le choc. Les organisateurs du festival ont été interpellés et ont traîné des soucis judiciaires. Il n’est pas rare de voir des chanteurs se produire en public dans des tenues inappropriées, voire irrespectueuses, et ce n’est pas l’image que nous souhaitons donner au festival.
Je ne suis pas contre le rap en tant que genre musical, ni le mezwed par ailleurs. Il y a un large public qui les apprécie. Il ne s’agit donc pas d’imposer les goûts personnels du comité d’organisation. Nous voulons juste instaurer un niveau et une ambiance convenable et familiale.
Nous respectons notre public et nous avons choisi cette orientation pour lui garantir des soirées de qualité, à la hauteur de ses attentes. Les réactions sur les réseaux sociaux montrent que cette orientation est globalement bien accueillie. Il est important pour moi de clarifier qu’il n’y a aucune intention de faire du festival une plateforme réservée à un seul genre artistique. L’objectif reste de proposer une programmation ouverte et diversifiée.
Pourriez-vous, alors, nous présenter les grandes lignes de la programmation de cette édition du Festival international de Sousse?
Nous avons prévu plus de 20 spectacles. L’ouverture sera assurée par une comédie musicale de Khaled Slama. La clôture sera avec la rachidia de Sousse. Le 13 août, c’est Centifolia- Ghneya lik de Rafik Gharbi avec Lilia Ben Chikha et Meyssoun Fatnassi. Il y aura aussi Hassen Doss et Mohamed Jebali.
Nous comptons accueillir de grands noms du Tarab cette année avec lotfi Bouchnak et Zied Gharsa. Une place sera accordée aux jeunes talents comme d’habitude. Trois spectacles internationaux seront proposés. Il y a également 5 pièces de théâtre, dont 4 one man shows. Une représentation pour enfants sera à l’affiche et même des soirées cinéma.
Nous avons travaillé sur la variété des spectacles proposés comme vous pouvez le constater. La programmation a été construite en fonction des contraintes budgétaires et nous en sommes globalement satisfaits. Elle reste à valider par les instances ministérielles.
Au-delà du public local de Sousse, pensez-vous que les spectacles proposés sont susceptibles d’attirer des festivaliers venus d’autres régions?
Nous allons lancer une application de vente en ligne pour la première fois cette année. Les détails seront annoncés dans la conférence de presse. La capacité d’accueil cette année est d’environ 1.700, soit en hausse par rapport à l’année dernière où elle était à 1.445. Nous espérons que les travaux au niveau du nouveau théâtre de plein air s’achèveront d’ici l’année prochaine.
Çela nous permettra d’avoir plus de public et donc de programmer des spectacles de plus grande envergure. Le nouveau théâtre pourra recevoir 4.965 spectateurs. Ce projet a été bloqué pour une longue période et c’est sur instructions présidentielles que les travaux ont repris. Un fonds considérable a été versé et nous espérons qu’il sera opérationnel d’ici l’année prochaine.