Ouverture, Aujourd’hui à Tunis, du 2e congrès des ouvrières agricoles : Unies pour un travail digne et décent ! - LA PRESSE
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Ouverture, Aujourd’hui à Tunis, du 2e congrès des ouvrières agricoles : Unies pour un travail digne et décent !

  • 7 mai 18:40
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Ouverture, Aujourd’hui à Tunis, du 2e congrès des ouvrières agricoles : Unies pour un travail digne et décent !

Les ouvrières agricoles, cette catégorie sociale vivant dans la précarité, n’ont cessé de compter leurs morts et blessés sur le chemin des champs, et même sur le lieu de travail. Gagner son pain à la sueur de son front est un calvaire au quotidien. 

La Presse — A Sidi Bouzid, Kairouan, Bizerte et dans bien d’autres régions du pays, ces femmes si fragiles et surexploitées ne se sentent plus à l’abri du danger. Le spectre de la mort les guette au tournant, à bord de camions le moins que l’on puisse dire non sécurisés et loin d’être contrôlés. Cette dernière décennie, s’en souvient-on encore, était, pour elles, la plus meurtrière : une centaine d’accidents ayant fait des morts et des blessés. Et si l’on s’est limité seulement aux chiffres du Ftdes, on se rend compte que ce transport agricole informel demeure, en quelque sorte, un vrai « crime prémédité ». « Du 2015 au début, quelque 70 accidents ont tué 55 personnes et blessé plus de 800 autres.. ». 

Marche solidaire à Tunis

Pis encore, la réalité en dit long sur un bilan lourd de conséquences. Jusqu’à quand ce mutisme sur une telle situation inquiétante, alors qu’il existe, depuis octobre dernier, un décret présidentiel pour la protection sociale des travailleuses agricoles?! Encore, faut-il rappeler la loi 51 sur le transport rural, déjà adoptée en 2019, dans le but d’assurer aux ouvrières agricoles confort et sécurité. Et pourtant, rien n’est fait jusqu’ici. 

Aujourd’hui, elles usent de leur droit de manifester. Elles ont décidé de le faire, à haute voix aujourd’hui, se donnant rendez-vous à la place du 14-Janvier, à l’avenue Bourguiba, pour marcher vers la place des Droits de l’Homme à Mohamed-V, à Tunis. En hommage posthume aux martyres des camions de la mort. Ce mouvement solidaire, inscrit dans la foulée des festivités du 1er mai, est organisé sous le signe « Reconnaître le métier des ouvrières dans le secteur agricole ». Il vient, par là même, marquer l’ouverture du 2e congrès de la « Voix des travailleuses agricoles », une dynamique féminine qui se bat pour ses droits sociaux et économiques. 

Prévu aujourd’hui 7 mai, au palais des Congrès à Tunis, l’évènement se veut un plaidoyer pour avoir gain de cause. Ces damnées de la terre, issues de tous les horizons, haussent le ton, demandant à jouir du statut « d’ouvrière agricole » et à être reconnues en tant que telle. Leur dynamique coordinatrice de cette rencontre réclame ainsi droit à la protection sociale et sanitaire et à une rémunération juste et conforme aux efforts fournis. Bref, un travail digne et décent qui favorise l’égalité femme et homme à part entière.

Le parent pauvre du secteur !

Car la femme rurale a toujours été le parent pauvre du secteur agricole. Selon le Ftdes, environ 92% de ces femmes sont privées de couverture sociale, 98% d’entre elles sont payées en dessous du Smag (Salaire minimum agricole garanti). Alors qu’elles travaillent plus que l’homme, cumulant le travail à domicile et la charge de l’éducation des enfants.  

Ce 2e congrès féminin se veut également le couronnement d’un long combat mené au fil du temps, sans être entendu ni suivi par les autorités qui ont régné dix ans durant. Désormais, il n’est plus question de se taire ou de faire marche arrière, persistent et signent-elles. Arrivées au Palais des congrès, les manifestantes passeront en revue leur épopée militante, mettant la lumière sur les défis de leur parcours. D’autant plus que des ouvrières « rescapées de la mort » viennent de Kairouan, Sidi Bouzid et de Sfax, pour témoigner de leurs aventures professionnelles vécues tout au long d’un passé trop risqué. Sans intervention urgente, leur avenir serait aussi hypothéqué. Pour ce faire, les congressistes vont signer une pétition nationale, afin qu’elles soient rétablies dans leurs droits comme ouvrières agricoles à part entière. 

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