
Dans le cadre du Festival d’Avignon, l’une des plus importantes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain, on réunit chaque année des artistes, organisateurs et opérateurs culturels venus du monde entier pour une série de rencontres professionnelles. Pour cette édition 2025 et du 7 au 12 juillet, ces échanges prennent une résonance toute particulière autour de la langue et des scènes artistiques du monde arabe. Une diaspora foisonnante et au cœur de la programmation du pavillon de l’Institut français.
La Presse —Cette orientation s’inscrit dans la continuité du programme «Livre des deux rives» et prépare la «Saison méditerranéenne», prévue prochainement. L’objectif est clair : valoriser la richesse et la diversité des expressions artistiques arabes — qu’elles soient linguistiques, esthétiques ou géographiques — et favoriser leur circulation à l’international. La 59e édition se tient en soutien à la Palestine et dénonce le génocide en cours.
Le 8 juillet, la Collection Lambert a vécu au rythme d’un moment fort : une série de rendez-vous professionnels pensés comme autant d’occasions de dialogue entre artistes, organisateurs et structures culturelles françaises et étrangères.
Autre temps fort attendu: les matinées des 10, 11 et 12 juillet, où un Café de l’Institut français s’installe à la Chambre de commerce et d’industrie d’Avignon. Cet espace informel, ouvert de 10h00 à 13h00, offre un cadre propice aux discussions, à la mise en réseau et à la réflexion commune. Il réunit artistes, professionnels du spectacle vivant et autres acteurs culturels engagés sur les scènes méditerranéennes.
En mettant en évidence les voix arabes dans toute leur pluralité, ces rencontres entendent encourager une coopération culturelle fondée sur l’écoute, la réciprocité et la mise en valeur des dynamiques artistiques contemporaines du monde arabe.
Pleins feux sur diverses activités
Les festivités s’ouvrent au Grenier à Sel (2 rue Rem Saint-Lazare), avec deux journées consacrées aux scènes numériques et aux formes immersives. Un programme riche mêlant conférences, ateliers, présentations de projets et spectacles qui permet d’explorer les croisements entre spectacles vivants et technologies immersives.
Un parcours sur mesure est notamment proposé à cinq professionnels internationaux, invités à découvrir des expériences artistiques à la frontière du réel et du virtuel, témoignant de l’évolution rapide des formats de création contemporaine. A ne pas rater aussi Les Rencontres de l’Institut français qui se tiennent à la Collection Lambert (5 rue Violette), en présence de nombreux artistes et partenaires français et étrangers.
Nguyen Binh, présidente de l’Institut français, et de Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, ouvrent les rencontres, suivie par la présentation de la « Saison méditerranée» par Julie Kretzschmar et d’une conversation avec l’artiste libanais Ali Chahrour, autour de sa nouvelle création «When I Saw the Sea». Ce spectacle pluridisciplinaire mêlant danse, théâtre et chant a été présenté en première française à La Fabric A, du 5 au 8 juillet.
Il retrace les récits de trois femmes confrontées à la violence du système de kafala au Liban, mettant en lumière une forme moderne d’esclavagisme touchant les travailleuses migrantes.Le lancement du podcast de «Baba Fekrane et autres contes», adapté de l’œuvre de Mohammed Dib (éditions Barzakh, 2024) est également évoqué dans le cadre du programme «Livres des deux rives». En partenariat avec l’Institut du monde arabe et le studio Making Waves, l’Institut français propose une version audio bilingue (arabe/français) de ce recueil.
Une lecture publique et une écoute collective d’un extrait sont au menu. Ces premiers jours donnent le ton d’une édition résolument tournée vers le dialogue interculturel, les innovations artistiques et l’échange professionnel. La matinée se prolonge avec une table ronde littéraire intitulée «Représentations et traductions contemporaines entre langues arabe et française, réunissant Soukaina Habiballah (Maroc), Dhia Bousselmi (Tunisie), Lotfi Nia (France) et Salah Badis.
Ensemble, ils interrogent les tensions entre oralité, écrit et performance, le rôle des dialectes et les enjeux de la traduction sur les scènes arabes.
Une dernière table ronde réunit artistes et professionnels du monde arabe pour aborder les questions de formation, financement, diffusion et jeune public.
Autant de moments rassemblés en une semaine pour penser ensemble la Méditerranée de demain : entre création contemporaine, mémoire littéraire, traduction, circulation des œuvres et partage d’expériences, cette semaine de rencontres dessine une cartographie vivante des scènes méditerranéennes. Nous y reviendrons.