
La Tunisie figure parmi les 53 pays africains qui bénéficieront désormais d’un accès sans droits de douane au marché chinois, selon une annonce faite à l’issue d’une réunion ministérielle de haut niveau tenue cette semaine à Changsha, dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Cette décision marque une nouvelle étape dans le renforcement des liens économiques entre la Chine et le continent africain, en particulier avec les pays engagés dans une coopération diplomatique continue avec Pékin.
L’annonce a été formulée dans un communiqué conjoint publié à la clôture de la réunion des coordonnateurs du FOCAC, qui a réuni les représentants chinois et ceux de la Commission de l’Union africaine. Cette mesure avait déjà été évoquée dans la déclaration finale du sommet Chine-Afrique de septembre dernier à Pékin, mais sa mise en œuvre concrète vient d’être officialisée. Elle s’inscrit dans une volonté de Pékin de corriger les déséquilibres commerciaux avec l’Afrique, alors que la Chine a enregistré en 2024 un excédent de plus de 60 milliards de dollars sur ses échanges avec le continent.
Pour les autorités chinoises, cette ouverture tarifaire constitue une réponse à ce qu’elles qualifient de tendances unilatérales et protectionnistes observées sur la scène internationale. La déclaration finale fustige notamment les barrières commerciales instaurées récemment par l’administration américaine, jugées nuisibles au développement des pays du Sud. Pékin appelle à un commerce équitable, fondé sur le respect mutuel des souverainetés nationales et le rejet de toute forme de pression économique.
Au-delà de l’exemption totale des droits de douane sur 100 % des lignes tarifaires pour les pays les moins avancés, la Chine s’engage à simplifier les procédures d’inspection, de quarantaine et de dédouanement. Elle prévoit également des actions concrètes pour renforcer les capacités locales, à travers des programmes de formation technique et une promotion accrue des produits africains de qualité.
La Tunisie, membre actif de l’Union africaine et partenaire historique de la Chine, devrait tirer un avantage significatif de cette initiative. Les opportunités d’exportation pour les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, du textile et de l’artisanat sont susceptibles d’être relancées, dans un contexte où les opérateurs économiques tunisiens cherchent à diversifier leurs débouchés et à accéder à de nouveaux marchés.
L’Eswatini, seul pays africain à entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan, est exclu de ce régime préférentiel. Cette exclusion souligne la dimension diplomatique forte de l’initiative, qui associe logique économique et positionnement géopolitique.