Ouverture du forum Fita 2025 à Tunis : Pour que l’Afrique prenne son destin en main

Les travaux de la 8e édition du Forum international « Financing Investment & Trade in Africa » ont démarré hier à Tunis, sous le haut patronage du Président de la République, Kaïs Saïed. Rehaussée par la présence d’officiels et de diplomates venus des quatre coins de l’Afrique, cette manifestation économique panafricaine est devenue un rendez-vous incontournable où le monde des affaires se réunit pour débattre des enjeux du développement économique et de l’investissement sur le continent. Des enjeux plus pressants que jamais dans un contexte mondial en pleine mutation.
La Presse — Présent hier à l’ouverture du forum « Financing Investment & Trade in Africa », le ministre du Commerce, Samir Abid, a souligné que la tenue de cet événement traduit l’importance stratégique que la Tunisie accorde à la coopération économique africaine et illustre l’engagement collectif à raffermir les liens de coopération et de solidarité entre les pays du continent. Évoquant le travail effectué par le Tunisia-Africa Business Council (Tabc) depuis sa création il y a dix ans, Abid n’a pas manqué de mettre en valeur le rôle joué par le Conseil au cours de la dernière décennie dans le développement du commerce avec le reste de l’Afrique.
« Cette édition du Fita revêt une importance particulière, puisqu’elle coïncide avec le dixième anniversaire du Tabc. Dix années d’engagement soutenu au service de la coopération économique entre la Tunisie et le reste du continent africain. Une décennie d’efforts inlassables pour bâtir des ponts solides entre les communautés d’affaires, les décideurs politiques et privés, et les institutions financières du continent », a-t-il précisé.
Il a ajouté que la Tunisie, profondément attachée à sa dimension africaine, s’inscrit dans toute initiative panafricaine favorisant la réflexion stratégique, les partenariats structurants ainsi que la consolidation d’un espace où se dessine concrètement un avenir radieux pour une Afrique prospère, intégrée, résiliente et solidaire. Évoquant les thématiques des débats qui ont rythmé ces deux journées, telles que la transformation industrielle, la digitalisation et la modernisation des infrastructures, le ministre a indiqué que dans ces domaines, la Tunisie dispose d’un savoir-faire et d’une expertise avérés qu’elle est disposée à partager dans une logique de partenariat gagnant-gagnant avec les pays africains.
La diplomatie économique au cœur des politiques économiques de la Tunisie
Soulignant l’importance qu’accorde la Tunisie à la diplomatie économique, le ministre du Commerce a affirmé que cette dernière constitue l’un des piliers fondamentaux de l’action nationale et traduit la profonde conviction du rôle que joue la Tunisie en tant que carrefour millénaire du commerce et de l’investissement entre le monde et l’Afrique, tout en étant au service du développement national, de l’intégration régionale et continentale.
« La Tunisie plaide en faveur du développement et du commerce interafricain, œuvre pour l’amélioration des chaînes de valeur et la mobilisation de toutes les énergies. À travers les missions diplomatiques et consulaires, les représentations commerciales, les bureaux d’investissement, nous œuvrons à promouvoir les opportunités d’affaires, à attirer les investissements, à accompagner les entreprises tunisiennes et africaines à l’international, et à renforcer la coopération économique avec nos partenaires africains », a-t-il ajouté.
Le ministre a précisé, dans ce même contexte, que cette approche reflète la volonté de faire de la Tunisie un carrefour régional stratégique pour le commerce, l’innovation et les partenariats Sud-Sud. Un objectif que le pays peut atteindre grâce à sa position géographique, son savoir-faire et sa communauté d’affaires jeune, dynamique, innovante et résiliente. Soulignant les multiples défis — climatiques, technologiques, économiques, sécuritaires, scientifiques et socioculturels — auxquels le continent est confronté, Abid a exhorté les pays africains à faire de l’intégration régionale et du développement durable des priorités et des piliers de leurs politiques.
Comment booster les échanges touristiques avec le reste du continent ?
Partant du constat que le potentiel touristique africain est immense, mais encore largement sous-exploité, cette 8e édition du Fita a accordé une attention particulière à ce secteur prometteur. Cinq ministres africains du Tourisme étaient ainsi présents pour discuter et réfléchir aux moyens de dynamiser les échanges touristiques sur le continent.
« C’est une occasion de renforcer les liens de coopération entre la Tunisie et l’Afrique. C’est aussi une opportunité pour identifier les insuffisances et trouver les moyens d’y remédier », a déclaré le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya. Selon le responsable, la connectivité aérienne figure en tête des obstacles à l’essor du tourisme interafricain. « C’est un aspect à améliorer. Bien entendu, il faut tenir compte de la rentabilité des vols. C’est pourquoi nous allons travailler avec nos collègues du ministère du Transport ainsi qu’avec nos partenaires africains sur la connectivité, les services et toute la logistique nécessaire pour faciliter les relations entre les professionnels tunisiens et leurs homologues africains », a-t-il affirmé. Par ailleurs, il a ajouté que la Tunisie dispose de plusieurs atouts dans le secteur touristique, notamment en matière de tourisme de santé.
« La Tunisie est une destination santé prisée par de nombreux Africains, et ce succès s’explique par un secteur développé, des compétences reconnues et des équipements de pointe », a-t-il précisé. Il a, en outre, souligné la nécessité de renforcer les liens de coopération entre les professionnels tunisiens et africains du secteur.
L’Afrique au centre d’un monde qui change
Lors de l’ouverture du forum, Anis Jaziri, président du Tabc, a prononcé une allocution dans laquelle il a mis en avant le potentiel économique du continent et le positionnement stratégique de la Tunisie, ce trait d’union historique entre l’Afrique et le reste du monde. Il a rappelé que cette édition coïncidait avec le dixième anniversaire du Tabc, une décennie pleine de défis, mais aussi de succès et de réalisations. Il a ainsi rappelé qu’au cours des dix dernières années, le Tabc a organisé plus de 40 missions à travers l’Afrique, accompagné plus de 3.000 opérateurs économiques tunisiens et aidé des centaines d’entreprises à s’implanter sur le continent, notamment en Côte d’Ivoire.
« Nous sommes rassemblés à un moment charnière de l’histoire de l’humanité. Un moment où le monde vacille sous le poids de ses propres excès : surexploitation des ressources, dérèglement climatique, instabilité géopolitique, injustices sociales, perte du sens collectif. Ce que nous vivons n’est pas une crise ordinaire. C’est une mutation historique. Une bascule d’époque. […] Les accords de Bretton Woods chancellent. L’ordre international hérité de l’après-guerre perd sa boussole. Le modèle de développement qui a façonné les décennies passées s’épuise : un modèle fondé sur l’exploitation intensive, l’illusion de l’infini, la marchandisation sans limites de nos vies, et l’aggravation insupportable des inégalités. […]Nous avons besoin d’une Afrique plus intégrée, plus productive, plus innovante et plus ouverte. L’Afrique ne doit plus être un simple terrain de jeu pour les autres. L’Afrique doit devenir une puissance d’équilibre, un creuset d’innovations, un moteur de civilisation. L’Afrique doit se lever — pour elle-même, pour ses enfants, pour l’humanité tout entière », a-t-il conclu.
Il est à noter que les travaux du forum se poursuivront aujourd’hui à Tunis, avec des panels de haut niveau, des « side events » et des rencontres B2B.