Les banques sont en droit de refuser l’octroi de prêts à taux fixe de plus de 15 ans : l’analyse d’un expert
L’expert économique, Moez Hadidan, a abordé ce mardi 15 avril 2025 les problématiques actuelles liées aux prêts immobiliers en Tunisie, particulièrement en ce qui concerne les prêts à long terme (supérieurs à 7 ans) avec un taux d’intérêt fixe.
Lors de son passage sur les ondes d’Express, l’expert a détaillé les défis auxquels sont confrontés les banques et les clients, tout en proposant des solutions pour remédier à la situation.
Dans ce cadre, Hadidan a indiqué que la problématique actuelle concerne principalement deux types de prêts. Le premier type concerne la réduction de 50 % du taux d’intérêt pour les prêts de plus de sept ans, dont le taux est fixe. Le deuxième type concerne les demandes de la Fédération générale des banques et des établissements financiers de ne pas exclure les employés du secteur bancaire de l’application de l’article 412 ter (nouveau) du code de commerce, qui prévoit des avantages spécifiques dans certaines situations.
L’expert a insisté sur le droit des clients à porter plainte et à exiger que la banque respecte ses engagements. “Si nécessaire, le client peut même recourir à un huissier de justice pour garantir ses droits. Une sanction dissuasive doit être appliquée en cas de non-respect”, a-t-il précisé.
Les prêts immobiliers : un coût plus élevé pour les clients
Concernant les prêts immobiliers, Hadidan a expliqué que ceux-ci sont généralement accordés pour une durée de 15 ans avec un taux d’intérêt fixe. Selon lui, les prêts immobiliers accordés aux particuliers ont un taux d’intérêt compris entre 9 et 10 %, tandis que pour les employés des banques, le taux peut être aussi bas que 1 % si le prêt est octroyé dans le cadre du Fonds social.
Pour les prêts contractés via les ressources des banques, le taux d’intérêt est compris entre 3 et 6 %. Cependant, les employés du secteur bancaire ont exprimé leur souhait de bénéficier des conditions avantageuses des nouvelles mesures, bien que les banques n’aient pas encore pris de décision sur cette demande, en raison de la différence de traitement entre les employés et les clients classiques.
En ce qui concerne les nouveaux prêts, Hadidan a souligné que les banques sont en droit de refuser d’accorder des prêts de plus de 15 ans à taux fixe. “Ce type de prêt pourrait entraîner des pertes importantes pour les banques, ce qui les dissuade de le proposer”, a-t-il déclaré, rappelant que la législation ne contraint pas les banques à accorder des prêts au-delà de 15 ans.
L’expert a, dans ce même cadre, suggéré que les clients qui souhaitent un prêt à plus long terme puissent envisager des solutions alternatives, telles que la mise en place d’un programme d’épargne ou la négociation d’un taux d’intérêt variable avec leur banque.
Bilan des demandes et conditions d’accès aux prêts
Hadidan a également évoqué les résultats des demandes de prêts, soulignant que le taux de satisfaction des demandes répondant aux critères était de 93 %, tandis que le taux global d’acceptation des demandes se situe à seulement 31 %. Il a précisé que certaines conditions doivent être remplies pour bénéficier des réductions de taux d’intérêt, et a donné des exemples concrets de clients ayant pu bénéficier d’une réduction de 50 % du taux d’intérêt après trois ans.
Finalement et non moins important, l’expert a expliqué que, bien que les mesures bénéficient aux clients, elles représentent une perte pour les banques, qui doivent compenser ces pertes par d’autres moyens. Il a estimé que la perte cumulée pour les prêts accordés après 15 ans pourrait atteindre 1 milliard de dinars. Les banques islamiques, en particulier, sont les plus touchées, car elles accordent principalement des prêts à taux fixe pour des durées supérieures à sept ans.