Sécurité alimentaire: Produits dangereux et contrefaçons, les autorités passent à l’action
Le Ramadan ne doit pas être une aubaine pour les fraudeurs ni un terrain fertile pour les pratiques douteuses. Il revient aux autorités, in fine, d’assurer des contrôles rigoureux et de sanctionner fermement les abus.
La Presse — Le mois de Ramadan, synonyme de spiritualité et de partage, s’accompagne aussi d’une forte hausse de la consommation alimentaire. Malheureusement, cette période est souvent exploitée par les réseaux de contrebande et de contrefaçon, mettant en péril la santé publique. Face à cette menace, les autorités multiplient les contrôles pour garantir la sécurité sanitaire des produits sur le marché.
A cet effet et dans le cadre de son programme spécifique pour le mois sacré, l’Instance nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Insspa) a mené une opération de contrôle dans le gouvernorat de Tunis. Cette intervention a permis la saisie de 10 kg de confiseries contenant des colorants interdits (E 131 et E 102), ainsi que plus de 200 kg de produits alimentaires divers (épices, sorgho et bsissa) périmés.
En outre, près de 4.000 bonbons d’origine inconnue contenant également du colorant E 102, 400 pièces de gâteaux «Béjaouia» périmés et 200 boîtes de conserve impropres à la consommation ont été confisqués dans un local de vente en gros. Ces produits, susceptibles de causer de graves problèmes de santé, témoignent de l’ampleur du marché parallèle en cette période de forte demande.
Les risques liés aux produits laitiers artisanaux
Outre les confiseries et produits transformés, les produits laitiers artisanaux connaissent une forte popularité durant le Ramadan. Cependant, leur consommation peut représenter un danger sanitaire important. Dernièrement, Rana Ghiloufi, spécialiste en sécurité et qualité des aliments à l’Institut national de nutrition et des technologies alimentaires (Innta), a mis en garde contre les risques liés au lait non pasteurisé et à ses dérivés.
Des maladies telles que la brucellose et la fièvre de Malte peuvent être transmises par le lait caillé ou la très populaire ricotta, lorsqu’ils proviennent de circuits non contrôlés. De plus, ces produits peuvent causer des infections bactériennes sévères, pouvant aller jusqu’à provoquer une insuffisance rénale chez les enfants. Autant dire que les risques sont majeurs.
L’importance des contrôles et de la sensibilisation
Dans ce contexte sensible, il est plus que jamais essentiel que les consommateurs fassent preuve d’une vigilance accrue, en privilégiant les circuits de distribution officiels et en vérifiant l’étiquetage des produits avant tout achat. Toutefois, cette vérification peut s’avérer difficile lorsque les étiquettes sont trop petites pour être lisibles. Les autorités, quant à elles, doivent intensifier les contrôles sanitaires et commerciaux pour éliminer du marché les produits frauduleux et dangereux.
Afin d’assurer l’efficacité de ces contrôles, il est donc impératif d’organiser des équipes interministérielles intègres et incorruptibles, composées d’experts et d’agents issus, notamment des ministères de la Santé, du Commerce et de l’Agriculture. Ces équipes doivent être spécialement formées pour détecter les fraudes et appliquer des sanctions exemplaires aux contrevenants. Un cadre strict de transparence et d’éthique doit encadrer ces interventions pour garantir leur impartialité et leur efficacité.
Explosion du commerce en ligne des gâteaux traditionnels
En outre, et avec l’essor du commerce en ligne, la vente de gâteaux sucrés traditionnels a explosé bien avant le début du mois saint. «Samssa», «kaak-warka» et autres pâtisseries emblématiques envahissent les réseaux sociaux et les plateformes de vente, échappant ainsi à tout contrôle sanitaire. Ce phénomène constitue un véritable défi pour les autorités, particulièrement en cette période où, sous l’effet des pics d’hypoglycémie, les Tunisiens se ruent littéralement sur ces gourmandises prisées, tant au moment de la rupture du jeûne que durant les longues soirées ramadanesques.
La question se pose ainsi: comment encadrer ces ventes et garantir la conformité sanitaire de ces produits ? Il devient urgent de mettre en place des mécanismes de régulation pour ces commerces en ligne, en imposant par exemple des certifications obligatoires pour les vendeurs et en renforçant la surveillance des plateformes numériques. Sensibiliser les consommateurs sur les risques liés à l’achat de produits alimentaires non contrôlés est également primordial pour éviter les intoxications alimentaires durant ce mois sacré.
Une responsabilité partagée pour un Ramadan sans danger
Le Ramadan ne doit pas être une aubaine pour les fraudeurs ni un terrain fertile pour les pratiques douteuses. Il revient aux autorités, in fine, d’assurer des contrôles rigoureux et de sanctionner fermement les abus. Mais la vigilance des consommateurs est tout aussi essentielle. Chacun doit prendre conscience des risques et privilégier les circuits officiels. Car, au-delà du plaisir des traditions culinaires qui nous sont chères, c’est bien la santé de tous qui est en jeu.