Activités Culturelles dans les Régions en Tunisie: Une lueur d’espoir mais un grand travail reste à faire
Si les grandes villes comme Tunis, Sousse ou Sfax disposent d’une scène culturelle relativement dynamique, les régions de l’intérieur et du sud du pays ont longtemps souffert d’un manque d’activités culturelles. Cette modestie des événements et infrastructures culturelles dans les régions soulève plusieurs questions : est-ce le reflet d’un désintérêt institutionnel ? Est-ce un manque de moyens ?
La Presse — Plusieurs initiatives locales émergent et tentent de redynamiser la scène culturelle dans les régions, ces derniers temps. Des associations et collectifs d’artistes organisent des festivals indépendants, des expositions en plein air et des ateliers pour les jeunes. Des événements comme le festival de Douz, dédié au patrimoine saharien, ou encore le festival international de la poésie de Tozeur, témoignent de la richesse culturelle présente dans ces régions.
L’essor du numérique et des réseaux sociaux joue également un rôle clé en permettant aux artistes régionaux de promouvoir leur travail et d’attirer une audience plus large via des startup, et sans forcément dépendre des grandes institutions culturelles. Les galeries d’art qui ont émergé dans certaines régions, le festival Sicca Jazz qu’abritent annuellement la Basilique et la Kasbah au Kef et la caserne culturelle de résistance qui se veut un centre culturel inauguré sur le mont Semmama à Kasserine en témoignent et donnent à lire qu’il reste des défis à relever et un grand travail à accomplir. Si bien que la culture est un pilier essentiel du développement d’un pays, un vecteur de diversité et un moteur d’épanouissement personnel et collectif.
D’ailleurs, en Tunisie, si les grandes villes comme Tunis, Sousse ou Sfax disposent d’une scène culturelle relativement dynamique, les régions de l’intérieur et du sud du pays ont longtemps souffert d’un manque d’activités culturelles. Cette modestie des événements et infrastructures culturelles dans les régions soulève plusieurs questions : est-ce le reflet d’un désintérêt institutionnel ? Est-ce un manque de moyens ?
Accès inégal à la culture
L’un des problèmes majeurs qui limitent l’essor de la culture dans les régions tunisiennes est la répartition inégale des infrastructures. La majorité des théâtres, des galeries d’art, des centres culturels et des festivals de renom sont concentrés dans la capitale et quelques grandes villes côtières. Les maisons de la culture en milieu rural ou dans les petites villes, bien que présentes, souffrent souvent d’un manque de financement, de programmation variée et de ressources humaines qualifiées.
De plus, les jeunes talents des régions peinent à se faire connaître, faute d’espaces pour exposer leurs œuvres ou organiser des représentations. Ce déséquilibre accentue le sentiment de marginalisation culturelle et pousse de nombreux artistes à migrer vers la capitale ou à l’étranger.
Défis économiques et logistiques
Le manque de financement est l’un des principaux obstacles au développement culturel en dehors des grandes villes.
Les budgets alloués par l’Etat aux activités culturelles sont souvent insuffisants et mal répartis. Les mécènes privés et les sponsors sont peu nombreux, préférant investir dans des événements à fort potentiel médiatique et commercial, généralement organisés dans les zones urbaines.Par ailleurs, les difficultés de transport et d’accessibilité posent également un problème. Les routes et infrastructures de transport limitées rendent difficile la circulation des artistes et du public entre les régions. Sans un réseau de transport efficace, assister à un spectacle ou une exposition peut devenir un parcours du combattant pour de nombreux habitants des zones éloignées.
Pour meilleur équilibre culturel…
Pour pallier la modestie des activités culturelles dans les régions, plusieurs pistes peuvent être envisagées. De ce point de vue, la décentralisation de l’activité culturelle peut encourager la création d’événements culturels à l’échelle régionale et assurer un financement équitable entre les différentes zones du pays. D’autant que le renforcement des infrastructures favorise l’innovation et l’équipement des maisons de la culture existantes, en leur fournissant des ressources humaines et matérielles adéquates.
La mise en place de moyens de transport dédiés aux événements culturels et le développement de plateformes numériques servent, eux, la diffusion des œuvres artistiques régionales.
Encourager des initiatives privées et des partenariats favorise l’investissement des entreprises dans la culture régionale à travers des avantages fiscaux ou des subventions publiques. Intégrer la culture dans le système éducatif incite les jeunes à participer activement à la vie culturelle de leur région. La modestie des activités culturelles dans les régions tunisiennes n’est donc pas une fatalité. Avec une volonté politique forte, un engagement de la société civile et une implication des acteurs privés, il est possible de transformer ces régions en véritables pôles culturels dynamiques. Car au-delà du divertissement, la culture est un levier essentiel pour le développement social, économique et identitaire du pays.